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L’AGRICULTURE

SUR LA SELLETTE 

 

L’agriculture du XXIe siècle va être confrontée à de multiples defit dans les prochaines décennies. La production devra augmenter de 70 % pour nourrir la population de 2050. Un milliard de tonnes supplémentaires de céréales devront être produit en plus. Paysans et agriculteurs cherchent des solutions.

Rendons-nous maintenant dans le département du Centre de la France à 11 kilomètres de Chartres, chez un producteur céréalier.



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Ici, dans cette exploitation de 400 hectares gérée par le duo père-fils, Cédric et Philippe*, on produit chaque année presque 4 tonnes de céréales. L'histoire de la production familiale a démarré au début des années 70. L'arrière-grand-père de Philippe y a planté une première parcelle de blé.

Depuis, la plantation n'a cessé de s'étendre.

* Les prénoms

ont été modifiés.

Mais le changement est survenu il y a 3 ans et demi, lorsque Philippe, le propriétaire du domaine, décide de planter un maïs transgénique, le MON810. Plus couramment appelé le maïs Monsanto et créé par la société américaine Monsanto, c'est l'un des tout premier maïs génétiquement modifies.  

Crédit photo Julien Rogé ©

Crédit photo Flickr ©

Crédit photo Julien Rogé ©

"Il nous apporte beaucoup de choses, sur l'aspect environnemental, sur l'aspect technique, sur l'aspect agronomique, mais également sur l'aspect économique. C'est une plante qui a de nombreux atouts".

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Le maïs MON810 a comme atout principal de se protéger seul des insectes. "Cette plante produit elle-même une protéine ayant des propriétés insecticides et va se protéger de la pyrale et de la sésamie, deux espèces qui font très mal ici. Ces deux insectes ravageurs s'attaquent aux pieds et aux épis de maïs et provoquent des dégâts considérables. Ils sont aussi porteurs de la mycotoxine, une toxine dangereuse pour l'humain." Lorsqu'on lui demande s'il a remarqué des anomalies depuis qu'il cultive ce nouveau maïs, Cédric ne nie pas l'effet néfaste sur certains types d'insectes. 


"Je retrouve toujours un paquet d'insectes morts au pied des maïs mais ce n'est pas un soucis."

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Ce maïs Monsanto est aujourd'hui devenu une "boîte à outils indispensable" car depuis sa mise en terre, le modèle agricole des deux hommes a évolué. 

"Avec ce maïs modifié, on utilise largement moins d'insecticide. Il y a aussi une économie en terme de frais de séchage car ce maïs-là, peux rester plus longtemps debout. Ce sont des économies importantes non négligeables. On utilise d'ailleurs moins de traitements contre les bactéries et les insectes, les cultures sont plus saines. Alors on peut dire que la culture est plus écologique qu'avant. Dites-le aux écolos ! Notre récolte est en plus de meilleure qualité. C'est une plante qui répond mieux aux attentes des commerciaux et plaît aux consommateur, je ne peux être que satisfait." Cédric

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Seule ombre au tableau, en France la culture d'OGM, particulièrement dans le maïs, peux faire l'objet d'un moratoire. La France a déjà adopté trois fois l'interdiction de cultiver ce type de maïs. À chaque fois, la mesure a été annulée par le Conseil d'État. En attendant d'être fixé, notre producteur et son fils font donc partie de ces agriculteurs peux nombreux qui cultivent des OGM. En 2007, l'année qui a précédé le moratoire, 22 000 hectares ont été ensemencés avec du MON810 sur le territoire agricole français. Mais au sein de la profession elle-même, l'utilisation du maïs Monsanto n'est pas acceptée. Ces derniers mois, les opposants au maïs transgénique ont sévis plusieurs fois dans la région, arrachant et saccagant des hectares entiers de maïs OGM. C'est pour ses raisons que cette famille de paysans souhaite garder l'anonymat. Afin d'éviter de servir de cible lors de prochains actes de destruction de culture.

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De leur côté, les deux homme préfèrent parler production et avenir de l'agriculture. Pour ces agriculteurs, intégrer le maïs transgénique dans les habitudes françaises est une étape incoutournable, pour que le modèle agricole actuel puisse répondre aux besoins alimentaires de 2050. L'adhésion de Philippe et de Cédric au maïs Monsanto est une suite logique des choses dans leur vie d'agriculteurs. "Aujourd'hui, je ne regrette pas et je ne me pose même pas la question de savoir si nous poursuivons la culture du Monsanto. Il faut accepter le progrès, mais il faut surtout en profiter. Tous les ans, on va voir des démonstrations de PGL aux résultats probants, on s'informe sur les méthodes d'utilisation."

"Je le redis, le progrès, il faut vivre avec !" 

Depuis qu'il a passé cette étape, Philippe voit d'un mauvais œil tout ceux qui "ralentissent la progression de l'agriculture et empêchent son innovation". "Les agriculteurs qui sont contre les PGL doivent arrêter de cultiver. C'est un refus à l'avancée scientifique. Nous avons besoin de ce progrès dans l'agriculture pour répondre au besoin alimentaire des prochaines générations." Lui et son fils nous l'ont souvent dit lors de cette rencontre, ils croient en l'avenir de cette agriculture, actuellement mise sur la sellette. 

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Comme ces deux agriculteurs, les partisans de culture transgénique mettent en avant le fait que les OGM seraient une sérieuse réponse à la crise alimentaire dans le monde. 



Mais si le maïs génétiquement modifié est apparu au début des années 2000 en Europe, il reste très peu cultivé. Comme de nombreux pays européens, la France reste très fermée à ce sujet. Car l'utilisation des OGM en agriculture met en jeu plusieurs problématiques. La première reste la question de l'impact sur la santé. Les OGM existent depuis trop peu de temps pour affirmer à 100 % qu'ils n'auront pas d'effets néfastes sur le consommateur. Ensuite, aucune étude n'a été réalisée sur l'impact des OGM sur l'environnement, que ce soit la faune et la flore. "Le principe de précaution doit s'appliquer avec la plus grande rigueur : les risques sanitaires et environnementaux des OGM sont mal connus et surtout trop mal évalués pour se lancer dans une aventure si dangereuse, sans possibilité de retour en arrière", estime Greenpeace.


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Dans les collectifs qui disent non aux OGM, mais surtout aux cultures OGM de plein champ, on retrouve le collectif Anti-OGM Picardie. Ils sont une dizaine de producteurs céréaliers à dénoncer l'extension des cultures de maïs transgéniques MON810 en Picardie. Ils ont donc placé le maïs Monsato en tête de leur liste de combats. D'ailleurs, ils participeront comme beaucoup d'autres collectifs à la journée mondiale contre le Monsanto, le samedi 23 mai.

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Les raisons de leur colère et de leur opposition sont claires pour Vanessa, l'une des membres du collectif contactée il y a quelques semaines. « Les contaminations génétiques sont déjà une réalité en France et ne cessent de se développer ». Pour elle, la dangerosité du maïs MON810 est déjà prouvée. « Il y a eu une première étude menée sur le maïs Monsanto. Ils ont nourri deux cents rats pendant deux ans avec ce maïs. Et ils montrent que les rats soumis à ce régime sont victimes d'une surmortalité par rapport à ceux exposés à un régime normal. »

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L'étude menée par l'université de Caen montre effectivement des rats nourris aux OGM avec des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong. Le résultat suggère que la consommation du maïs OGM de la firme américaine Monsanto provoque des effets néfastes pour la santé. Mais quelques jours après la mise en ligue de l'étude, plusieurs experts scientifiques ont contesté les résultats et leurs fiabilités. La firme Monsanto n'a pas réagi à ce test. 


​D'autre part, les opposants aux OGM mettent en avant une étude de Greenpeace « qui révèle que la concentration de l'insecticide contenu dans le MON810 varie de 1 à 100 d'une plante à l'autre ». Enfin, le collectif signale « qu'une dizaine de pays de la Communauté européenne ont annoncé que ce maïs présentait des risques sanitaires et ont pris un moratoire sur sa commercialisation. » Les opposants demandent eux aussi aux pouvoirs publics un moratoire et un débat public.


Il est évident pour les opposants qu'il y a un réel manque de recul des agriculteurs d'OGM. Les dangers représentés par ces nouveaux produits doivent être pris en compte, au vu du caractère très récent des développements de la transgenèse selon Vanessa et le collectif Anti-OGM Picardie. "La nature a mis plusieurs milliards d'années à construire ce qu'on cultive et quelques malheureux paysans soucieux de leur chiffre d'affaires sont prêts à contrarier ça en quelques années."

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J . R

SALADE ET CARPACCIO

D'ailleurs Philippe préfère le terme "plante génétiquement modifié" à celui d'OGM qu'il juge trop péjorative. Qu'on l'identifie OGM ou PGL, ce maïs facilite la vie d'agriculteurs. Même si le rendement reste le même, "la plante en elle même n'a pas de rendement supplémentaire, la seule difference c'est qu'il n'y a pas de perte de rendement".

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Reportage réalisé par Julien Rogé

Crédit photo Julien Rogé ©

Crédit photo Julien Rogé ©

Crédit photo Julien Rogé ©

Crédit photo Julien Rogé ©

Crédit photo Flickr ©

Crédit photo Anti-OGM Picardie ©

Crédit photo Anti-OGM Picardie ©

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